Scène de vie de coach :
Nous sommes bien souvent malgré nous les artisans des situations dont on se plaint. Pire, ce sont paradoxalement des situations qui nous conviennent parce qu’elles nous sont familières. Nous sommes donc en confiance quand elles se produisent même si elles sont nocives. Cela explique pourquoi nous avons parfois du mal à en sortir.
C’était le cas de l’une des participantes au dernier atelier CoDéveloppement que j’ai animé. Elle était Chef de Projet et regrettait que ses relations avec l’équipe projet voire avec le client pour qui elle travaillait soient régulièrement tendues.
Elle a fait le constat que la tension apparaissait quand elle exprimait ses attentes en matière de délai, de livrable ou d’informations à transmettre. Elle en a déduit qu’elle formulait ses demandes de manière maladroite. Tout en reconnaissant qu’elle n’avait pas tellement envie de changer. Selon sa formule elle ne se voyait pas « faire des courbettes » pour demander quelque chose.
Je n’ai pas de doute sur son intention quand elle adresse une demande. Elle est incontestablement positive. Elle a réellement envie que les projets avancent, réussissent et que le client soit satisfait.
Mais la manière dont elle communique sous stress créé une tension qui finit par lui nuire. Elle se rend compte qu’elle est à présent perçue comme quelqu’un de pénible.
La bonne nouvelle est qu’elle a pris conscience du problème et elle a décidé de le partager pendant l’atelier de CoDéveloppement. La prise de conscience est effectivement la première étape du progrès.
L’étape suivante suppose de dépasser ses craintes pour oser communiquer différemment.
La prise de conscience.
Quand des personnes vivent des situations nocives sans se rendre compte qu’elles en sont à l’origine, elles en rejettent bien souvent la responsabilité sur les autres.
Dans l’exemple que j’ai décrit, il aurait été facile pour la manager de dire que ce sont les autres qui ont un niveau d’exigence trop faible. Elle aurait alors justifié sa fermeté par l’attitude de ses interlocuteurs. Dans ces cas-là, il n’y a pas de progrès possible.
Plusieurs facteurs peuvent aider à la prise de conscience :
Par exemple le fait qu’une situation se répète devrait nous mettre la puce à l’oreille. Quand systématiquement ou presque, l’expression d’une attente s’accompagne de tension et d’incompréhension, c’est peut-être qu’une partie du problème vient de celui qui l’exprime.
Le feed-back est aussi un outil précieux pour rendre possible la prise de conscience. A condition bien entendu que la personne concernée soit capable de l’entendre.
Oser faire différemment.
Une fois que l’on a pris conscience que l’on est, au moins en partie, à l’origine du problème, il y a deux étapes pour faire évoluer sa communication.
La première est de rendre explicite son mode de communication à un nouvel interlocuteur. J’ai par exemple conseillé à la manager de dire qu’elle savait que sa communication pouvait être direct sans qu’elle s’en rende compte et qu’il n’hésite pas à lui dire si c’était le cas.
Mais cela ne dédouane pas pour autant de faire évoluer son mode de communication pour gagner en souplesse.
Il est difficile de le faire seul car cela demande beaucoup d’énergie. L’accompagnement du manager ou d’un coach est nécessaire pour que celui-ci donne des feed-back, corrige et encourage.
La motivation pour faire évoluer sa communication peut se trouver dans l’insatisfaction de la situation actuelle.
Comme cette manager qui en avait assez que sa manière de communiquer se retourne contre elle. C’est ce qui l’a poussée à nous en parler. C’est le début d’une prise de conscience.