Scène de vie :

Un accident de ski sans conséquences à long terme m’a contraint à rester chez moi pendant deux semaines. Ces deux semaines immobilisé m’ont donné à réfléchir sur une vertu avec laquelle nous avons parfois des difficultés : la patience. Bloqué chez moi, j’ai eu l’occasion de me tester sur ce sujet. Sans tomber dans des lieux communs, le monde dans lequel nous vivons ne nous encourage pas à faire preuve de patience, à prendre le temps. Que ce soit une information, une pizza ou une commande sur internet, nous les voulons le plus rapidement possible. Lorsque l’ascenseur ne vient pas au bout de quelques secondes, nous appuyons à nouveau sur le bouton.

Toujours plus vite :

Alors que nos outils de communication ou d’organisation devraient nous faire gagner du temps, ils ne font que nous donner la possibilité de faire plus de choses dans le même laps de temps. Et nous voulons en faire un maximum. Nous ne voulons renoncer à rien, nous voulons tout faire, et le plus rapidement possible.

Les entreprises vivent à ce rythme. La conséquence est que certains managers présentent systématiquement leur demande comme une urgence. Si bien que le terme « urgence » perd de sa signification et les vraies urgences sont noyées parmi les autres demandes.

Des attentes de réactivité légitime :

Bien sûr, les attentes de la part des managers sont souvent légitimes car nos clients attendent de la réactivité. Pour les garder ou les conquérir, la vitesse est un élément primordial. Dans un monde concurrentiel, arriver en premier est évidemment un atout.

De plus, les managers eux-mêmes, subissent par leur hiérarchie, une pression de résultats et d’immédiateté. Cette pression les pousse à transmettre à leurs collaborateurs cette exigence de vitesse.

Desserrer la pression du court terme :

Pour autant, est-il indispensable de tout demander à ses collaborateurs avec les mêmes attentes de réactivité ?

Il est nécessaire de retrouver la notion du temps long sur certains projets, de laisser le temps de la réflexion, de la respiration, du recul.

Pour cela il est salutaire de se poser la question des échéances. De prendre conscience que qualité et réactivité ne sont pas toujours compatibles. Qu’est-il réellement juste de fixer ?

Y-a-t-il de vraies raisons objectives pour que le manager impose un temps court ou s’agit-il simplement du résultat de son impatience ? Donner des échéances courtes, trop courtes peut donner l’illusion d’un meilleur contrôle et rassure le manager. La conséquence est de mettre inutilement le collaborateur sous pression.

C’est également oublier qu’impliquer le collaborateur dans l’échéance à fixer permet de le responsabiliser. Dans ce cas, le manager est-il prêt à accepter que le rythme de son collaborateur soit différent du sien. Il s’agit alors d’être aussi objectif que possible pour se mettre d’accord sur une échéance.

Desserrer la pression du court terme nécessite également de la part du manager une meilleure anticipation de ses demandes. Il peut parfois mettre ses collaborateurs sous pression à cause d’un manque d’anticipation de sa part. C’est alors faire consommer inutilement de l’énergie à l’équipe.

Le rythme de vie des entreprises nécessite des exigences de réactivité. Mais savoir identifier des échéances justes, réalisables, à partir de critères de décision objectifs, et anticiper les demandes sont les deux leviers pour desserrer la contrainte du court terme. Cela offre à chacun, manager comme collaborateur une respiration salutaire.

Bonne semaine à chacun.