Scène de vie :

« Aujourd’hui je ne me sens vraiment pas bien », me dit un manager entre deux quintes de toux.

« Tu n’aurais pas pu rester chez toi ? »

« Non, j’avais pas mal de trucs à faire. »

Cet échange est assez fréquent dans les entreprises où certains responsables attendent de ne plus pouvoir quitter leur lit pour s’arrêter. Mais qu’est-ce qui pousse certains managers à venir malades au boulot, en prenant à la fois le risque de contaminer leur entourage, mais aussi de mettre plus de temps à retrouver la forme ?

Venir coûte que coûte !

J’ai bien conscience que rester chez soi lorsque l’on a des responsabilités peut être problématique. Des décisions doivent être prises, des clients rencontrés, de l’information partagée, et il est parfois difficile de reporter ces engagements.

Les motivations des managers sont diverses pour venir travailler tout en étant malades. Cela peut être la peur que des choses se passent sans eux, de louper des infos, mais c’est aussi la volonté de ne pas ralentir leurs collaborateurs par leur absence.

Surhomme :

C’est une façon pour eux de montrer leur engagement, au point de culpabiliser lorsqu’ils doivent réellement s’arrêter. De retour au travail, on entend dans leur bouche la formule suivante : « C’est la première fois que je m’arrête en 20 ans ». C’est aussi la volonté, tout à fait respectable, d’honorer un engagement.

Il me semble tout de même que pris par le flot du quotidien, le manager perd en capacité de recul sur le bien-fondé de sa venue au travail malgré son état de santé.

Car souvent, notre représentation du manager est qu’il doit être un surhomme, c’est à dire qu’il ne doit être ni malade, ni fatigué. De la même manière que certains responsables se vantent de peu dormir, d’autres (et parfois les mêmes) se vantent de ne jamais être malades.

Prendre soin de soi :

Il ne s’agit bien sûr pas de s’arrêter au moindre nez qui coule, mais tout simplement de prendre soin de sa santé lorsque c’est justifié.

Prendre soin de sa santé est parfois interprété comme une marque de vulnérabilité, ce qui peut paraitre, à tort, antinomique avec le fait d’avoir des responsabilités.

De plus, ne pas pouvoir s’arrêter peut être un indicateur d’un dysfonctionnement de l’organisation, ou d’un manque de délégation. Cela montre que personne n’est en mesure de prendre le relai du manager en cas d’absence, ce qui arrive régulièrement : vacances, déplacement, formation…Cela peut avoir des conséquences néfastes pour l’entreprise car le manager devient alors un goulet d’étranglement par lequel tout passe.

On évoque très souvent la bienveillance avec son équipe, et trop peu la bienveillance vis-à-vis de soi-même. Il me semble pourtant indispensable, pour prendre soin des autres de savoir prendre soin de soi. De plus, prendre soin de soi, c’est aussi renforcer sa capacité d’endurance, qualité nécessaire à un manager. C’est également une manière, pour le responsable, de montrer de l’exemplarité.

Excellente semaine à chacun.