Scène de vie :

Fin de conférence. Le conférencier vient de faire une intervention brillante et le public dont je fais partie a apprécié. Nous nous croisons à la sortie, et connaissant mon métier de consultant, il me demande mon avis sur sa prise de parole.

Je le lui donne bien volontiers, cela d’autant plus qu’il est facile d’être positif. Sachant qu’il attend également de moi une critique constructive, je lui partage, qu’il n’a sans doute pas été totalement compris de l’ensemble du public.

En effet, la manière dont il s’exprime reflète un mode de raisonnement global. C’est-à-dire qu’il parle avec brio de théories, de concepts et a évoqué son sujet avec beaucoup de hauteur de vue.

A quelle altitude communiquons-nous ?

Le problème est que tout le monde ne communique pas à cette altitude. Certains d’entre-nous ont besoin d’entendre des choses concrètes, pratiques, qu’il est possible d’appliquer directement, alors que d’autres aiment l’abstraction et les concepts.

En fonction de notre personnalité, nous ne communiquons pas à la même altitude, et ne sommes pas sensibles aux mêmes choses.

Aucun mode de communication n’est supérieur à l’autre et ils sont au contraire tout à fait complémentaires. Il est cependant nécessaire d’identifier le nôtre pour l’adapter à nos interlocuteurs afin d’être compris.

L’enjeu de la communication est de pouvoir se rejoindre à une altitude commune.

J’ai encouragé le conférencier à développer sa pédagogie, à illustrer ses propos d’exemples concrets pour permettre à chacun de le rejoindre.

Un impact important sur le management.

En matière de management, cette différence d’altitude de communication est fréquemment source d’incompréhensions et de malentendus.

Il y a quelques années j’accompagnais une DRH à qui le directeur général demandait de réfléchir à l’avenir du service dans les 5 prochaines années. Elle n’arrivait pas à répondre à sa demande. Elle lui opposait l’argument selon lequel elle avait, entre autres, « 200 payes à sortir chaque mois » et qu’elle n’avait pas le temps de mener cette réflexion. L’un se projetait à 5 ans, l’autre à la fin du mois. L’un et l’autre ne situait pas les priorités à la même échéance.

Dans les deux cas, les points de vue se comprennent. Il est, à la fois indispensable de prévoir l’avenir du service et d’établir les payes chaque mois.

Si les protagonistes n’avaient pas pris conscience de cette différence, cette incompréhension aurait mené tout droit au conflit.

Rejoindre l’autre à son altitude préférée :

Comme c’était le cas du conférencier, en communiquant de manière globale, maniant l’abstrait avec aisance et en se projetant facilement vers l’avenir, celui qui s’exprime a besoin de « redescendre » vers des choses plus concrètes. A l’inverse lorsque l’on aime les choses concrètes, considérant que les détails sont importants, alors il faut apprendre à communiquer aussi de manière plus globale, en donnant du sens à ses propos.

Dans les deux cas, notre mode de communication naturel nous donnera une « altitude » de communication dans laquelle nous sommes à l’aise, comme une sorte de langue maternelle. Il est important de l’identifier pour ensuite en faire varier l’altitude, afin d’être compris du plus grand nombre. Sans quoi nous risquons d’être considérés comme des personnes trop terre à terre, ou au contraire ayant la tête dans les nuages. Cette agilité est essentielle en communication et particulièrement en management.

Excellente semaine à chacun.